Dans des articles précédents, nous vous avions présenté les principes fondamentaux de l’éducation cosmique, tels qu’ils ont été définis par Maria Montessori. Cette semaine, nous allons expliquer comment on peut les appliquer en pratique.

Premièrement, l’environnement préparé est au cœur de la pédagogie Montessori. L’objectif est de proposer à l’enfant un environnement mûrement réfléchi, ajusté selon ses besoins et son développement. Il doit s’y sentir bien, à l’aise pour se concentrer et travailler. Ce n’est pas l’enfant qui doit s’adapter à son environnement, mais le contraire. Par conséquent, il est du ressort des adultes d’organiser les espaces de vie, notamment les salles de classes.

L’environnement préparé des 6-12 ans diffère de celui de 0 à 6 ans, car ils ne sont pas au même stade dans leur développement. Ils n’ont pas les mêmes attentes, besoins et envies. Le rôle des équipes éducatives est donc de concevoir des « ambiances » de classe en accord avec les pans de développement de l’enfant.

Ainsi, la classe des 6 à 12 ans est disposée de manière à privilégier le collectif. En effet, l’enfant débute réellement sa vie sociale à cet âge-là. Pendant le deuxième pan de développement, l’enfant accorde une place très importante à l’amitié, il s’éloigne de sa famille et recherche une sorte d’indépendance sociale. Il se construit aussi son identité. Concrètement, il est conseillé d’éviter les tables individuelles et de favoriser les meubles mobiles afin de pouvoir moduler l’espace.

Les activités proposées par les éducateurs sont également conçues pour que les élèves travaillent en groupe en se distribuant les tâches à accomplir. Certaines activités, ambiguës, sont élaborées pour créer du débat, du dialogue entre les enfants. Ce sont les circonstances parfaites pour apprendre à communiquer, expliciter ses idées et argumenter de manière respectueuse. Il a été prouvé qu’un élève apprend plus efficacement un raisonnement en résolvant un problème avec ses pairs plutôt qu’en suivant le cours magistral d’un professeur.

Par ailleurs, l’environnement préparé des 6-12 ans stimule la créativité et éveille l’imagination. À partir de 6 ans, l’élève différencie bien le réel de la fantaisie. Quelques affiches illustrées, en nombre limité afin de ne pas perturber les élèves, encouragent l’imagination ou la réflexion. Il peut s’agir de peintures célèbres, de photographies de villes étrangères, des représentations de monuments historiques. En outre, une sorte de petit cabinet de curiosités rassemblant divers objets exotiques ou historiques peut également susciter la curiosité des enfants. De même, les activités monotones, comme les dictées par exemples, sont remplacées par des exercices diversifiés qui offrent des perspectives variées d’application. En effet, un outil peut être mobilisé dans des présentations différentes. Il n’y a pas une seule manière d’utiliser le matériel, on peut même combiner divers éléments. Les activités ne sont pas préconçues et restreintes à un plateau comme dans la classe des 3-6 ans.

Ainsi, dans une classe 6-12 ans, les élèves peuvent piocher tout le matériel qu’ils souhaitent du « coin science » afin de mener leurs propres expériences. Certaines activités sont délibérément incomplètes, car leur objectif est d’amorcer une démarche de réflexion chez l’enfant, de stimuler sa curiosité et son intérêt.

L’objectif de l’éducateur est de permettre à l’enfant de répéter pour apprendre sans qu’il s’en rende compte. En outre, au fur et à mesure de la progression d’un élève sur un sujet, l’éducatrice Montessori l’éloignent du matériel sensoriel en le conduisant vers des notions de plus en plus abstraites. Enfin, les activités sont placées selon un ordre logique qui donne envie à l’enfant de découvrir la suite. Toutefois, l’enfant est libre d’explorer à sa guise. Maria Montessori préconise de « semer des graines, le plus possible » dans tous les domaines.

Des activités d’art complètent le travail en classe. À tout moment, l’enfant peut faire de l’art, écrire une histoire ou mettre en scène une pièce de théâtre.

Maria Montessori a également beaucoup insisté sur l’importance d’avoir une atmosphère, une « ambiance » adaptée, c’est-à-dire un climat émotionnel et une culture de classe favorable. Il ne s’agit donc pas de considérations matérielles, mais plutôt de réfléchir aux comportements et aux règles. Entre ses 6 et 12 ans, l’enfant développe une conscience morale, il est curieux et fasciné par les concepts que sont la justice, l’égalité et les règles. Il essaye de déterminer ce qui est de l’ordre du bien et de l’ordre du mal. Par conséquent, il remet presque systématiquement en cause les règles, à l’école comme à la maison. Il est donc important de bien lui expliquer leur utilité. Par ailleurs, en tant que membre de la communauté éducative (au sens large), notre rôle est d’avoir de la réflexivité sur nos pratiques : nos règles sont-elles vraiment pertinentes ? Et surtout sont-elles bonnes pour nos enfants ?

En outre, la manière dont les éducatrices s’expriment est également cruciale pour l’ambiance de classe. Dans un climat idéal, l’enfant obéit parce qu’il a confiance et non pas, car il est soumis à l’autorité de l’adulte. La communication non-violente est un outil de communication verbale qui instaure entre les êtres humains des relations fondées sur la coopération, le respect et la bienveillance. Les parents peuvent aussi s’en inspirer à la maison.

Nous avons expliqué précédemment que les activités proposées aux enfants stimulent leur créativité et que résultats attendus sont variés. Ainsi, les éducatrices ne doivent pas attendre des résultats stéréotypés et doivent savoir valoriser les réponses créatives. Généralement, il n’y a pas d’évaluations, de notes ou de devoirs à la maison. Cependant, elles ne doivent pas abaisser leur exigence, car les élèves sont inspirés par le travail des autres. Il est important de guider et stimuler les élèves qui se ménagent trop sans pour autant les stresser ou leur mettre la pression parce que cela serait contreproductif.

Finalement, rappelons que la classe Montessori ne se limite pas aux quatre murs de la salle de classe. Les sorties recherche/sorties culturelles sont un aspect très important de la pédagogie Montessori. Les élèves explorent d’autres environnements et apprennent à bien se comporter en société. Ils peuvent même participer à l’organisation de la sortie en se renseignant sur le budget, en participant aux appels préliminaires.