Dans cet article, nous allons expliciter comment la pédagogie Montessori aborde la question de l’aide envers l’enfant, c’est-à-dire dans quelle mesure les parents peuvent intervenir pour aider l’enfant à comprendre et apprendre.

Dans l’éducation traditionnelle, aider l’enfant consiste très fréquemment à faire à sa place. C’est une posture qui est d’ailleurs souvent valorisée. En effet, dans l’imaginaire collectif, une mère ou un père qui habille son enfant, lui coupe sa viande, lui fait ses lacets est regardé comme un parent aimant.

Cependant, si l’intention est louable, les effets sont le plus souvent inutiles, parfois néfastes pour le développement psychique et moteur de l’enfant. En effet, en faisant à la place de l’enfant, nous entravons ses apprentissages. Or, si nous ne lui laissons pas l’opportunité d’essayer, de s’entraîner, de rater, il n’apprendra jamais lui-même. Ainsi, en attendant des résultats presque immédiats et inatteignables, notre impatience nous incite à nous substituer aux actions lentes et imprécises de l’enfant qui sont pourtant indispensables pour son développement.

Maria Montessori était déjà consciente de ces enjeux. C’est pour cela que l’autonomie de l’enfant est un pilier fondamental de sa pédagogie. Elle écrit qu’en réalité, l’enfant ne souhaite pas être aidé, comme on l’entend, l’enfant veut « apprendre à faire seul ».

Ainsi, nous pouvons distinguer deux concepts. Premièrement, l’aide inutile correspond à l’action d’un parent qui aide un enfant à faire quelque chose qu’il sait toutefois déjà faire par lui-même. Par exemple, faire les lacets de son enfant qui sait les faire, même s’il est plus lent que moi. Deuxièmement, l’entrave au développement correspond cette fois à une aide qui empêche l’enfant de faire par lui-même, de se tromper, de progresser et donc d’apprendre. Par exemple, faire les lacets de son enfant, qui ne sait pas les faire, mais qui démontre l’envie d’apprendre en saisissant ses lacets.

Pour autant, en tant que parent, nous nous devons d’accompagner les enfants dans leur progression. Nous ne pouvons systématiquement nous effacer, nous avons un rôle important à jouer. Alors, la question cruciale devient : comment faire la distinction entre aide utile, entrave au développement et aide inutile ?

Tout d’abord, les interventions physiques ou verbales inutiles traduisent souvent de l’impatience (on souhaite gagner du temps), de la peur (parfois irrationnelle) ou un perfectionnisme trop prononcé et inadéquat. Bien évidemment, ce sont des réactions parfaitement normales. Toutefois, nous pouvons essayer de les éviter dans la mesure du possible afin de participer au bon développement de l’enfant. Ainsi, avant d’intervenir, il est judicieux de se poser la question « pourquoi je souhaite intervenir ? ». À vous de faire le tri !

Cependant, il est important de préciser que la pédagogie Montessori défend certes l’autonomie de l’enfant, mais ne prône pas pour autant l’effacement de l’adulte qui a un rôle important à jouer. En effet, idéalement, commencez par montrer à l’enfant comment agir/faire avant de lui demander de reproduire ce que vous venez de faire : « maintenant c’est à ton tour ». Insistez bien sur la temporalité : début / milieu / fin de l’activité ou de l’action afin de l’inciter à terminer ce qu’il commence et à ne pas abandonner en cours de route. Quand c’est le tour de l’enfant, évitons de l’interrompre, nous risquerons de lui couper l’envie d’entreprendre. Si besoin, privilégiez le langage corporel (regard, simple geste…). Bien évidemment, un danger, une insécurité, un état d’excitation trop fort ou un manque de respect justifient complètement une intervention verbale rapide.

Enfin, n’oubliez pas de valoriser votre enfant. Il développera son estime personnelle, et sera plus enthousiasmé pour découvrir, apprendre, essayer de nouvelles choses !