Dans la grande majorité de nos publications sur le blog, nous expliquons les principes généraux de la pédagogie Montessori. L’article d’aujourd’hui vise à se détacher de cette orientation pour, au contraire, montrer la diversité des classes Montessori qui existent aujourd’hui.

Dans un premier temps, les inégalités de moyens financiers imposent des divergences. En effet, comme le remarque judicieusement Charlotte Poussin dans son livre sur l’éducation des 6-12 ans, les écoles Montessori du projet « Corner of Hope » dans un centre de réfugiés au Kenya et celles que l’on trouve dans les quartiers cossus de San Francisco ne disposent pas du même matériel. Dans l’école kenyane, il est savamment fabriqué à l’aide de graines, de bouchons de bouteilles ou encore de chutes de bois repeintes. Dans la seconde, il est commandé dans des boutiques spécialisées souvent onéreuses. Cela ne signifie pas que les élèves recevront un meilleur enseignement à San Francisco. En revanche, on ne peut nier le fait qu’il est évidemment plus aisé d’enseigner lorsqu’on dispose d’un budget avantageux.

Dans un second temps, les restrictions légales justifient également différentes configurations. Rappelons que Maria Montessori préconisait l’usage d’objets du quotidien en salle de classe : allumettes, couteaux pointus, verre cassable, bougie, … Elle expliquait que les enfants apprennent à manipuler ces objets avec précaution s’ils en sont entourés. Si un enfant casse un verre, il le traitera avec beaucoup plus d’attention la prochaine fois. Généralement, il est équipé de chausson résistant afin de ne pas se blesser. En effet, l’environnement préparé est un lieu dans lequel les enfants peuvent prendre des risques « en toute sécurité ». Un enfant qui n’est pas habitué aux matériels dangereux est celui qui aura le comportement le plus problématique : il n’aura pas acquis la notion de danger. Ainsi, certains enfants de milieux ruraux manient des outils coupant dès leur plus jeune âge, car on leur enseigne. Ils développent donc des bons réflexes et ont conscience du danger. Toutefois, dans de nombreux pays, il est formellement interdit par la loi d’entourer les élèves de matériel perçu comme trop dangereux pour eux. Parfois, la loi ne le proscrit pas, mais des chefs d’établissement ou des éducateurs sont réticents.

Dans un dernier temps, le contexte culturel joue également un rôle crucial. Chaque continent, pays, région possèdent sa propre histoire, ses propres héros, ses traditions, ses rites… Si l’éducation cosmique développé par Maria Montessori vise à transmettre une vision globale de l’humanité et à montrer les richesses de la diversité des cultures, nous ne pouvons nier que les différences culturelles orientent les choix d’activité. Par exemple, en France, les élèves cuisinent régulièrement le pain, le matin quand ils arrivent à l’école.

Par ailleurs, la revue Internationale d’éducation de Sèvres a publié une étude en 2017 intitulée : « Les écoles Montessori dans le monde : la diversité interne d’un réseau en expansion ». L’équipe de recherche a étudié les pages d’accueil des sites de centaines d’écoles, ainsi que leur autoprésentation sur les réseaux sociaux. Elle a constaté que lorsqu’une école se présente, elle n’affiche pas les mêmes objectifs, ne poste pas le même type de photos, … Les écoles Montessori dans le monde, en plus de certaines divergences en matière de pédagogie, ont également une façon différente de se présenter.

Certaines écoles sont hybrides et croisent plusieurs logiques. Ils caractérisent les premières d’« écoles élitistes internationales et bilingues ». Les coûts d’admission sont très élevés. Il y a environ un adulte pour 12 élèves. Les activités sportives occupent une place très importante. Elles sont principalement implantées dans les grandes capitales et accueillent des enfants de diplomates et expatriés.

Les écoles du second type sont au service de l’ascension sociale. Les apprentissages scolaires sont particulièrement valorisés. Les élèves sont essentiellement issus de classes moyennes et supérieures locales. Les activités sportives et culturelles ne sont pas particulièrement mises en valeur.

Dans la présentation du troisième type d’école, l’épanouissement de l’enfant et de son bien- être sont essentiellement mis en avant. L’entraide, la solidarité et l’importance des interactions sociales sont au cœur du projet pédagogique. Elles sont généralement établies dans des quartiers aux zones rurales socialement mixtes. Les parents sont aussi parfois impliqués dans le fonctionnement de l’école, ils réalisent certaines tâches (bricolage, atelier) et participent à certaines réunions.

Bien qu’elles ne soient pas très connues, il existe des écoles Montessori fondées par des mouvements humanitaires. Elles sont destinées aux enfants les plus défavorisés et font souvent partie d’un programme plus large de soutien à une communauté. Le matériel est fréquemment fabriqué sur place par la population.

Enfin, depuis une quinzaine d’années, le nombre d’écoles confessionnelles Montessori s’accroit considérablement. Il existe des écoles Montessori juives, chrétiennes et islamiques. Un matériel confessionnel complète le matériel classique. Elles sont souvent organisées en réseau.

Quel que soit le type d’écoles, nous ne pouvons nier la croissance ininterrompue du nombre de nouvelles écoles Montessori ouvrant chaque année un peu partout dans le monde. La souplesse et l’adaptabilité de la pédagogie, fondée sur du matériel concret, a su convaincre des individus issus de toutes classes sociales et confessions.

Ensuite, chaque école s’est évidemment adaptée à son public afin de répondre aux mieux aux besoins des élèves.